Ils sont emblématiques du massif de la Clape – « tas de cailloux » en occitan – barrière calcaire qui sépare la Méditerranée de la plaine narbonnaise et dont la vigne a, depuis les Romains, colonisé les vallons et contreforts, au milieu des chênes kermès, des pins et de la garrigue buissonneuse. Je vous ai décrit ma rencontre amoureuse avec le bourboulenc dans un texte précédent.
La Clape est un « tas de cailloux », certes, mais un milieu hospitalier : son vignoble abrite une population d’alouettes lulu, des passereaux qui affectionnent les zones ouvertes, l’enherbement inter-rang, propice à la recherche de nourriture qu’ils trouvent notamment en fouillant le sol, et la terre nue des vignes qui leur permet de voleter. Refuges pour les insectes, les murets en pierres sèches, les buissons et tas de branchages de la Clape sont favorables à l’alouette lulu, espèce généralement absente des zones céréalières.
Doté d’un plumage discret, ce gracieux oiseau se fond parfaitement dans son environnement. Il se distingue cependant par son chant mélodieux – l’alouette lulu tire son nom de ce « lululu » – qui résonne au-dessus des vignes, signe de sa présence discrète mais remarquable.
Les vignobles du massif de la Clape offrent un paysage idéal pour observer ces oiseaux, notamment au lever du jour lorsque leur activité est à son comble. Ils semblent parfaitement à l’aise avec les embruns méditerranéens et ajoutent une touche de charme supplémentaire à un massif déjà pittoresque.
La centaurée, enfin. Elle fait partie de la même grande famille de plantes que les pâquerettes, les Astéracées, réparties en près de 2 000 genres, dont celui des centaurées avec 400 espèces à travers le monde. Sauvage et rustique, la centaurée pousse dans tous les prés et sur tous les versants de montagne.
La centaurée de La Clape – de son nom savant Centaurea corymbosa – apparaît dans les herbiers au XIXe siècle. Elle ressemble à un chardon pourpre mais on ne la trouve dans le monde qu’au gré d’une balade dans le massif unique de La Clape, et sur une zone de quelques kilomètres carrés seulement.
Cette espèce endémique, qui affectionne les bords de falaise calcaire et l’aridité de notre région, ne vit que deux ans après sa floraison et dépend du vent pour disperser ses graines au-delà de quelques dizaines de centimètres autour d’elle.
Elle est aujourd’hui en voie de disparation ! Alors si vous avez la chance de la découvrir sur les chemins qui vous mènent à travers les domaines viticoles de la Clape, profitez de ce moment unique et gardez cette jolie plante rare gravée dans votre mémoire.